Le coeur de Bombay - un docu d'Arte
Longtemps ce ne fut qu'une terre insalubre, au bord de la rivière Mithi, seulement bonne pour les miséreux. Aujourd'hui, presque rien à Dharavi n'a changé, si ce n'est qu'on y compte 1 million de personnes sur 200 hectares, une densité de 350 000 habitants par kilomètre carré et la moyenne d'une latrine pour 1 440 personnes.
Pourtant, ce bidonville vaut de l'or. Avec 85 % de sa surface
consacrée à l'artisanat, Dharavi génère 400 millions d'euros de chiffre
d'affaires par an. Surtout, son emplacement, à deux pas d'un nouveau
quartier de business, a fait grimper la valeur des terrains. Le
gouvernement a donc décidé de transformer la zone en aire de commerces
avec hôpitaux, écoles et terrain de cricket. Un ensemble dédié aux
classes moyennes qui chasserait un peu plus les pauvres en périphérie
de Bombay, comme cela se fait partout sur la planète.
Mais en Inde - contrairement à la Chine, par exemple - le peuple a encore voix au chapitre. A Dharavi, les résistances s'organisent et la clameur des revendications sociales tient encore en respect la logique financière. Pour combien de temps ? Discours clair, réalisation habile et travail de fourmi : le film de Lutz Konermann évoque parfaitement l'ambiguïté d'une logique urbaniste qui assainit et réhabilite en même temps qu'elle bannit.